« On ne changerait d’équipe pour rien au monde »

Mélisande, Arnaud et leurs jumeaux

Mélisande et Arnaud ont traversé un long parcours au sein du service de procréation médicalement assistée (PMA) de Saint-Luc. Entre doutes, espoir et bienveillance, ils reviennent sur ces années intenses qui les ont menés vers la parentalité.

Parlez-nous du début de votre parcours…
En 2018, j’ai appris que j’avais de l’endométriose. Le désir de grossesse était déjà bien présent, mais à l’époque, on nous avait simplement conseillé d’essayer des méthodes naturelles pendant un an avant d’envisager une aide médicale. Mais au bout d’un an, rien ne fonctionnait. J’étais dans le déni, triste et angoissée. J’avais l’impression que l’infertilité venait de moi. Je ne connaissais rien à la PMA et les quelques recherches que j’avais faites sur internet (une bien mauvaise idée) m’avaient davantage effrayée qu’aidée. C’est finalement ma maman qui s’est renseignée, à Saint-Luc, pour que je rencontre un spécialiste de l’endométriose, le Dr Squifflet.

Comment s’est passée cette première prise en charge à Saint-Luc ?
En examinant mon dossier, le Dr Squifflet a trouvé étonnant que je ne puisse pas tomber enceinte naturellement vu l’emplacement de mon endométriose. Il nous a proposé que mon compagnon fasse un spermogramme – et il avait raison : le résultat n’était pas bon. Ça a été un choc pour nous deux. C’est difficile émotionnellement, surtout pour un homme qui n’est pas habitué à consulter dans ce domaine. Et cette étape a marqué le début de notre parcours en PMA.

Vous avez ensuite rencontré l’équipe du Service PMA, et notamment le Dr Giudice ?
Oui, et ça a été un vrai coup de cœur. Elle a toujours su m’apaiser, me redonner confiance. C’est notre petit soleil. Nous la recommandons souvent autour de nous car elle incarne cette bienveillance qu’on retrouve dans toute l’équipe. Les médecins, les infirmières : tout le monde est attentif, humain, à l’écoute.

Votre parcours a été particulièrement long…
En effet. Nous sommes arrivés à Saint-Luc en 2019. Au fur et à mesure des tentatives de FIV, l’équipe a adapté les traitements pour trouver la solution qui nous conviendrait le mieux. J’ai aussi été suivie par le psychiatre du service, ce qui m’a énormément aidée à gérer mon anxiété. C’est d’ailleurs la quatrième FIV qui a fonctionné : celle où j’ai pu être apaisée. J’ai accouché de nos jumeaux le 27 décembre 2022.

Comment avez-vous vécu cette période, notamment pendant les « années COVID » ?
Très difficilement. J’ai fait une grande partie du parcours pendant la pandémie : Arnaud ne pouvait pas entrer à l’hôpital. J’étais souvent seule, mais les infirmières ont été d’un soutien incroyable. Elles me tenaient la main, me réconfortaient. On sent qu’à Saint-Luc, on n’est pas un numéro. On nous reconnaît, on se sent importants.

Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans la relation avec les équipes ?
L’humanité. On ne la retrouve pas partout dans le monde médical, mais ici elle est bien présente. L’écoute, le respect, la pudeur : même lors d’examens intimes, on se sent respectée. C’est essentiel. Nous avons créé de vrais liens : après quatre ans de suivi, on connaît les visages, les prénoms. Et quand nous sommes revenus pour un troisième bébé, tout le monde nous a accueillis avec chaleur, a demandé des nouvelles de nos enfants, a regardé les photos. On a découvert que notre faire-part de naissance est dans le cadre des bébés 2022 de la PMA ! Ce côté humain est inestimable.

Vous avez aussi vécu des moments difficiles…
Oui. Lors de ma quatrième FIV, j’ai attrapé le COVID : la ponction a dû être annulée. J’étais dévastée, mais l’équipe m’a expliqué les raisons qui ont mené à ce choix. Avec le recul, c’était la bonne décision : la FIV suivante a été la bonne. À chaque étape, ils prennent le temps d’expliquer, de justifier leurs choix. Leurs décisions sont réfléchies, prises en équipe. On se sent compris, considéré.

Et la grossesse, puis l’accouchement ?
J’ai été suivie par le Dr Van Grambezen, une autre perle. J’ai même dû être hospitalisée pour une menace d’accouchement prématuré : encore une fois, une équipe formidable.
L’accouchement a été difficile : il a dû être réalisé sous anesthésie générale, et j’ai eu un problème sanguin qui a nécessité des transfusions. Je n’ai pas vécu le premier moment de mes enfants, et c’était un vrai traumatisme après un tel parcours de PMA. Mais j’ai été entourée, soutenue, respectée à chaque instant.

Comment avez-vous vécu la fin du parcours PMA ?
Quitter le service PMA a été émouvant. Après presque quatre ans à y aller parfois tous les deux jours en période de traitement, on crée une routine, des liens. Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai pleuré de nostalgie. C’est paradoxal : on réalise un rêve, mais on quitte une équipe qui a fait partie de notre vie.

Quel message souhaitez-vous transmettre aux couples en parcours ?
Ne pas se précipiter. Prendre le temps de se remettre après chaque étape. Ce parcours est épuisant physiquement et émotionnellement ; il faut s’écouter. Faire confiance à l’équipe, poser toutes les questions. C’est un combat difficile, mais ce qu’il y a au bout est merveilleux.
Nous, on retourne actuellement en PMA pour un troisième bébé, parce qu’on leur fait confiance, parce qu’on sait qu’on est entre de bonnes mains, et qu’on ne voudrait aucune autre équipe pour nous suivre.

Un petit mot à transmettre à l’équipe ? 
Un immense merci. Si nous somme parents aujourd’hui, c’est grâce à eux. Je leur ai déjà dit à maintes reprises. Ils disent que c’est grâce à nous aussi — et c’est vrai : c’est un travail d’équipe. Mais sans leur humanité, leur écoute et leur bienveillance, on n’aurait jamais traversé tout ça aussi positivement.
Ils ont su mettre de la douceur dans un parcours souvent rude, de la lumière dans les moments de doute. Notre rêve est devenu réalité — et à chaque fois que je regarde mes enfants, je me dis que tout ce chemin en valait la peine.