« Le jour où j’ai aidé une patiente en train d’accoucher »

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« Cela s’est passé le 13 août 2020, une date que je n’oublierai jamais. » Samantha Coxe travaille de nuit dans le Service de sécurité interne de Saint-Luc. « Il est environ 2h45. J’aperçois un véhicule qui se gare sur l’emplacement réservé à la Police et aux ambulances devant le garage des Urgences. Je sors de mon local pour indiquer au conducteur où se situe l’entrée des Urgences, et il me répond, un peu paniqué, que sa femme va accoucher ». Samantha se dirige alors vers le côté passager de la voiture, et à sa grande surprise, entend… les pleurs d’un bébé.

Photo de Samantha, membre de l'équipe de gardiennage

La portière est ouverte, la patiente éprouve beaucoup de difficultés à sortir de son véhicule. « J’appelle alors immédiatement la maternité pour leur expliquer la situation et je leur demande ce que je peux faire en attendant l’aide nécessaire. » Vu l’urgence, ses collègues du 10e étage lui recommandent de faire sortir l’enfant, en utilisant des gants stériles. Rapidement, Samantha récupère des gants à l’accueil des Urgences et prévient sa collègue qu’il faut de toute urgence l’aide d’un membre du personnel soignant.

« Je retourne auprès de la patiente pour essayer à tout prix de faire sortir le bébé. A cause de sa position agenouillée, je n’y parviens pas, j’ai peur de mal faire. Il fait noir, les conditions sont loin d’être idéales. A ce moment-là, ma seule préoccupation est que tout se termine bien pour tout le monde. Je me dis que je dois faire tout ce qui est en mon pouvoir pour m’occuper d’eux. » Instinctivement, Samantha se place derrière la patiente, pour maintenir le bébé avec ses mains. « Je sens la respiration de cet enfant qui est en train de naître, c’est une sensation incroyable… Je veille aussi à continuer à communiquer avec la patiente. Ce n’est d’ailleurs pas facile car elle ne parle pas français, c’est son mari qui nous sert de traducteur. »

Ce moment d’une intensité extrême n’aura duré que huit minutes. « Les huit minutes les plus longues de ma vie ! Un infirmier des Urgences est alors arrivé avec une chaise roulante qui s’est avéré inutile (rires) et avec du matériel. On a allongé la patiente sur moi, et l’infirmier a fait sortir le bébé… C’était une petite fille ! » L’équipe de la maternité est arrivée à ce moment-là et a pris en charge la maman et son enfant. 

« Tout le reste de la nuit, je n’en revenais pas de l’expérience que je venais de vivre. J’étais même étonnée de la manière dont j’avais réagi. Le lendemain, j’ai pu monter à la maternité voir la petite famille qui se portait magnifiquement bien. »

En 2021, Samantha a décidé de reprendre les études d’infirmière qu’elle avait initiées 10 ans plus tôt. Elle est maintenant en 2e année et poursuit ses études en horaire décalé tout en continuant à travailler comme agent dans le service de sécurité interne. « L’expérience que j’ai vécue a clairement joué un rôle dans ce choix. C’était un petit signe qui a amplifié quelque chose qui me trottait déjà à l’esprit. Devenir infirmière me permettrait de compléter ma satisfaction, de m’apporter quelque chose de plus. Je souhaite apporter davantage aux personnes. »

Article extrait du Saint-Luc Mag n°9 (décembre 2022)