« Le jour où j’ai retrouvé ma petite soeur »

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Ewa est animatrice dans l’unité d’hospitalisation d’hématologie et oncologie pédiatrique de Saint-Luc. Pour la jeune femme, proposer un peu de légèreté et d’évasion aux enfants hospitalisés est une manière de rester proche de sa soeur décédée dans ce service.

Ewa, animatrice en pédiatrie

« Quand Dodi - c’est le diminutif de Dorota - est née, j’avais onze ans. Dans notre famille, on la surnommait affectueusement « le petit accident » parce qu’elle est arrivée de manière inattendue, ma mère ayant eu des difficultés à avoir un bébé. Dès sa naissance, je l’ai beaucoup pouponnée et un lien très fort s’est noué entre nous. D’autant plus qu’avant sa naissance, j’ai fait un rêve prémonitoire dans lequel je l’ai vue. Le lendemain matin, je me suis précipitée chez mes parents pour leur raconter ce rêve… et j’ai découvert que ma mère s’apprêtait à annoncer cet heureux événement à mon père !

A cinq ans, Dodi est tombée malade. Un rhabdomyosarcome, un cancer qui atteint les muscles. Elle a été hospitalisée en hématologie et oncologie pédiatrique ici, à Saint-Luc. Pendant six ans, elle a alterné les périodes de rémission et de rechutes et elle est décédée à 11 ans. 

J’ai passé beaucoup de temps avec elle dans le service. On regardait des films de Walt Disney, elle adorait ça. Pendant ses soins, je me promenais dans les couloirs. Je m’ennuyais alors je rentrais dans les chambres des autres enfants pour rigoler et jouer avec eux. J’ai toujours adoré faire le clown. 

Après son décès, j’ai continué à ressentir un attachement à Saint-Luc. Cette expérience m’a amenée à faire des études d’éducateur spécialisé. Pendant ce cursus, j’ai effectué deux stages à Saint-Luc. Ils m’ont confortée dans mon choix : je voulais travailler dans l’unité de soins où ma petite soeur avait été soignée. Ça ne s’est pas fait tout de suite, j’ai d’abord accompagné à domicile des patients souffrant de maladies graves puis j’ai perdu mon job à cause du COVID. Alors, j’ai postulé à Saint-Luc. L’entretien s’est très bien passé, mais ils ont choisi d’engager une jeune bénévole qui connaissait déjà bien le service. Quelle déception ! Quelques mois plus tard, j’ai retenté ma chance et ça a fonctionné ! J’ai été engagée dans l’équipe d’animation pédiatrique. J’ai retrouvé la salle de jeux que je connaissais par coeur.

Ici, je me sens proche de ma petite soeur, elle est constamment avec moi. Elle m’aide à m’accomplir professionnellement. Et hasard incroyable, deux infirmières qui l’avaient soignée travaillent encore dans le service. Un lien de plus avec elle…

Cela fait maintenant trois ans que j’accompagne les enfants hospitalisés. J’essaye de trouver les intérêts de chacun pour adapter mes animations. Les sortir de leurs écrans est un challenge ! J’y arrive, mais pas toujours. Je suis d’ailleurs la seule personne dans le service à qui ils peuvent dire « non », une petite liberté qui leur fait du bien. Je remercie chaque jour la chance que j’ai de pouvoir leur proposer une. parenthèse de légèreté et d’évasion. C’est le métier le plus gratifiant au monde. »