Le témoignage de Robert : "Il ne faut jamais arrêter de se battre"
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Il y a quelques années, la vie de Robert a basculé : à la suite d’une grave infection, il a perdu tous ses membres et sa fonction rénale. Sans jamais se départir d’un optimisme à toute épreuve, il a affronté tous ces coups du sort avec un courage peu commun.
C’est au -1 des Cliniques, dans une salle d’attente des consultations, que je retrouve Robert. Au milieu des patients qui attendent, il se démarque d’emblée par son grand sourire communicatif. Nous commençons à discuter de son parcours si particulier.
« Il y a quelques années, j’ai été hospitalisé dans un autre hôpital pour une pneumonie, se souvient-il. Pendant que l’on me soignait, j’ai attrapé une bactérie qui a entrainé une septicémie très sévère… » Comme son état s’aggravait et que l’infection continuait de se propager dans son corps, Robert fut envoyé à l’Hôpital militaire. « Là-bas, je suis resté dans le coma pendant plusieurs mois. Je ne me suis pas rendu compte de ce qu’il se passait et je n’ai pas ressenti la souffrance. À mon réveil, j’ai remarqué que j’avais des espèces de chaussettes aux extrémités de mes membres… Un jour, je demande à la psychologue qui me prenait en charge :
- Mais c’est quoi ces chaussettes ?
- Enfin, Monsieur, vous avez été amputé…
Sur le moment, j’avoue avoir été un peu surpris mais je me suis directement dit: "Bon, ben, on fera avec alors !" »
Employé dans une bibliothèque et batteur dans un groupe de musique, la vie de Robert allait profondément changer. C’est notamment le début d’un énorme travail de revalidation au Service de médecine physique des Cliniques Saint-Luc.
« J’ai dû réapprendre à me débrouiller tout seul. Comme les prothèses ne me convenaient pas, avec l’aide des équipes, j’ai développé ma propre façon de faire les choses. Je me suis battu pendant plusieurs mois et je suis désormais indépendant. Je sais tout faire dont m’occuper de mon petit garçon de 10 ans. »
S’il estime avoir retrouvé l’équilibre dans sa vie, Robert avait encore un autre souci de santé à affronter. L’infection a également entrainé des conséquences sur sa fonction rénale, l’obligeant à être placé sous dialyse. « Après près de deux ans sur liste d’attente, on m’a appelé un soir pour me dire qu’un rein était disponible pour moi. C’était en décembre 2024. » Robert devient ainsi la première personne amputée des quatre membres à bénéficier d’une transplantation rénale en Belgique. Mais, encore une fois, les choses ne se passent pas si facilement : « J’ai contracté une septicémie après l’intervention mais, heureusement, le germe a très vite été identifié. »
Après une nouvelle rééducation post-transplantation durant laquelle les infirmières de l’Unité de chirurgie abdominale et transplantation rénale ont fait preuve d’ingéniosité pour surmonter certaines difficultés inhérentes à son état, Robert quitte enfin l’hôpital. Désormais, il revient une fois par mois en consultation et "tout va bien".
En évoquant son parcours, Robert tient à insister sur l’importance de garder une attitude positive, quoi qu’il arrive : « Je me suis vite rendu compte qu’il ne fallait pas être fataliste, il faut rester positif. Je vois parfois des gens avec tous leurs membres qui sont hyper fatalistes et qui me disent: "moi, à votre place, je me suiciderais." Moi, je leur réponds : "Mais pourquoi ? Vous avez tous vos membres et vous êtes en vie, non ?"
Aux gens qui sont dans mon cas, j’ai envie de leur dire qu’ils doivent se battre, que la vie continue et qu’il ne faut surtout pas s’arrêter au regard des gens. »
Retrouvez également une interview de Robert sur le compte Instagram de la Libre Belgique