« Le jour où j’ai décidé de devenir infirmier »

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En 2013, dix ans après avoir débuté sa carrière à Saint-Luc, Patrick décide de reprendre des études pour devenir infirmier. Désormais infirmier-chef en gastro-entérologie (unité 83), il nous parle de ce virage professionnel et de son évolution personnelle.

Patrick Nuytens

« J’ai débuté ma carrière à Saint-Luc en 2003, en tant qu’auxiliaire de stérilisation, après avoir dû arrêter mon cursus en informatique pour raisons familiales. C’était un contrat de remplacement de trois mois… J’ai finalement passé quasiment dix ans à la stérilisation ! C’était une fonction très stimulante et méconnue, avec une chouette ambiance de travail. J’étais convaincu du bien-fondé de la rigueur nécessaire pour la gestion du matériel médical.

A l’époque, la stérilisation était divisée en secteurs cloisonnés, et avec quelques collègues désireux de faire évoluer la fonction, nous avons créé la première équipe polyvalente de stérilisation. Ce projet a clairement réveillé quelque chose en moi.

Un collègue a ensuite quitté l’équipe pour entamer le «projet 600» : une formation qui offre aux travailleurs du secteur de la santé la possibilité de suivre des études d’infirmier tout en conservant leur salaire. De mon côté, j’ai eu envie de voir autre chose… J’ai travaillé pendant quelques mois au Quartier opératoire, en gestion des implants. J’y ai vécu mes premiers contacts avec les patients. Il s’agissait d’un contrat de remplacement, au terme duquel, sur un coup de tête, j’ai passé le concours du « projet 600 », tout comme mon collègue l’avait fait précédemment. J’ai été accepté, et en 2013, j’ai débuté mes études d’infirmier. C’était un double « win » : une évolution personnelle, et plus de temps à consacrer à mes trois enfants, scolarisés à deux pas de la haute école où je suivais mes cours, le tout juste à côté de Saint-Luc.

Mon diplôme en poche, j’ai été engagé comme infirmier en médecine interne. Je m’y plaisais vraiment bien. J’ai d’ailleurs décidé de prendre une fonction supplémentaire, celle d’infirmier référent étudiant, qui m’a permis de transmettre cette nouvelle passion.

« En fait, pourquoi ne pas continuer ? » est une réflexion qui m’est apparue à cette période, lors d’opportunités managériales qui me sont apparues comme des signes. J’ai débuté un master en santé publique en 2019. Je l’ai effectué en trois ans, tout en continuant à travailler à 80%. Le soir, je mettais de l’ordre dans mes cours auprès de mes enfants occupés à faire leurs devoirs, cela a créé quelque chose de chouette entre nous.

Depuis quelques mois, je suis infirmier chef à l’unité 83. Professionnellement, j’ai bien évolué, mes enfants sont fiers de moi. Même si ma fonction actuelle m’amène à être moins dans les soins, je n’ai pas envie de les quitter tout de suite. Car si on veut que les soins de santé évoluent, il faut encore un peu mouiller sa chemise. J’ai le sentiment de contribuer à faire avancer les choses.

Aux personnes qui hésitent à se lancer dans ce genre de projet, je dirais qu’il vaut mieux essayer quelque chose plutôt que de regretter toute sa vie de ne pas l’avoir tenté. De nombreuses marges de manœuvre existent pour évoluer professionnellement. Il faut sentir les choses et oser aller vers ce qui nous tente. Parce qu’on n’a qu’une vie. »

Article extrait du Saint-Luc Mag n°11 (décembre 2023)